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Jacques Demy: de films en aiguilles

Jacques Demy: de films en aiguilles
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Jacques Demy: de films en aiguilles
5 mai 2009

2) Les connections Les mères se ressemblent toute

2) Les connections

Les mères se ressemblent toute dans chacun des films de Demy, même physique, même profil : elles sont délaissées, veuves pour certaine mais encore belle (elles sont d’ailleurs parfois à deux doigts de rivalisé avec leur filles). Les filles ont un but unique : trouvé celui qui leur correspond : l’amour idéal, le futur mari. Dans la scène de fin des parapluies : Geneviève quitte la station service dans sa Mercedes noir avec sa fille Françoise, laissant Guy, son ex-fiancé et le père de sa fille ; la caméra s’élève, il neige. Madeleine arrive avec le petit François. Une famille impossible s’efface pour laisser place à une famille possible, avec comme lien un enfant né d’un amour contrarié. Mais qui sait, Guy quittera peu être Madeleine pour une autre ou inversement. Tous les films de Jacques Demy indiquent cette précarité de l’amour : on s’aime à la vie à la mort et le temps fait que tout est possible : une rencontre ou la mort par exemple. Au fond, le temps est le personnage principal de JD

Le rêve de JD était de faire 50 films relié les uns aux autres où le récit et les personnages s’entremêlent et s’emboitent comme un puzzle. Cette idée de puzzle est reprise à plus petite échelle dans les demoiselles ? Tous les personnages fonctionnent pas paires qu’il faut rassembler. "Il y a toujours eu des filles dans ma famille" l’univers du cinéaste gravite autours des personnages féminins : Dans son premier long métrage, Lola, le personnage type apparaît qui sera ensuite reprit de film en film : déjà dans ce premier long métrage, le personnage féminin de Lola se reflète dans d'autre personnage féminin : Cécile qui est le passé de Lola et la mère de Cécile qui est ce que pourrait être son futur. A la fin du film tout converge vers Cherbourg, Cassard et Frankie prennent le bateaun pour s'y rendre. Cécile fuit vers son oncle qui y habite et Mme Denoyer, sa mère l'y  poursuit. Tous les personnages sauf Lola se rendent donc à Cherbourg. Cherbourg, le lieu principal des Parapluies dans lequel on retrouve Rolland Cassard qui était le personnage principal de Lola et le personnage secondaire des parapluies qui connecte le temps entre les deux films. Cette continuité est une idée chère à JD qui affectionne l'idée qu'il n'y a ni début ni fin dans la vie des personnages et qu'elle se poursuive au delà de l'écran où le spectateur n'a plus accès mais qui peut resurgir dans d'autre film: le passé de Cassard dans Lola est évoqué dans les parapluies par un récit accompagné d'une sequence filmé à Nantes, sur le lieu de Lola.

Rêveur agité dans Lola et les demoiselles ou vaguant Rolland et le prince dans peau d’âne. Tous sont voués à se cogner au réel. Dans les parapluies, les personnages défient le poids du réel en chantant. Dans ces film, Jacques Demy développe une utopie de la vie et plus précisément de la vie amoureuse qui va s’écrouler petit à petit. Les personnages qui vivent dans se monde de rêve vont se cogné au réel et « redescendre » brutalement dans la vraie vie.

Jacques Demy créer des ponts entre ses films: dans les demoiselles de Rochefort, Demy se cite lui même en faisant des références à Lola (vidéo). Mais egalement entre Les demoiselles et Les parapluies, et des plus subtiles: entre les demoiselles et le court metrage la luxure.

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14 avril 2009

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III) Personnages et thèmes


1) Les personnages et la tragédie

Les personnages se ratent, c’est leur destin. Tout est en fait ramené à une fonction surdéterminée, accablante, prédestiné. C'est la tragédie grèc, c'est Oeudip à qui on a annoncé son déstin dès sa naissance. On connait la destiné des personnages mais nous luttons contre ce destin avec eux tout en sachant que l'histoire finira mal. C’est le jeune peintre Maxence dans les demoiselles qui a peint la femme qu’il aime avant même de l’avoir rencontré. C’est Lola, qui attend pendant sept ans son Michel disparu, parti très loin en lui laissant un enfant. C’est Rolland Cassard qui erre dans Nantes à la recherche de l’âme sœur et dont l’amour pour Lola est sans avenir. C’est Guy et Geneviève, dans les parapluies, dont le bel amour est trop pur, trop beau, pour pouvoir durer et affronter le temps. C’est dans les demoiselles, l’incroyable ballet qui organise l'echec de la rencontre des deux sœurs, avec leur fiancé idéal. Il faut que chacun trouve sa chacune, c’est ainsi que le monde de Demy tourne : c’est le sort qu’invoque Jacques Perrin dans Peau d’âne (« j’épouserai celle à qui cette bague ira, quelle qu’elle soit ») pour capturer la belle peau d’âne et empêcher un inceste qualifié par la fée de « passion lamentable ». Jacques Demy va même jusq'à mettre en scène La tragédie grèc avec Parking, sur le mythe d'Orphée.

Les mères se ressemblent toute dans chacun des films de Demy, même physique, même profil : elles sont délaissées, veuves pour certaine mais encore belle (elles sont d’ailleurs parfois à deux doigts de rivalisé avec leur filles). Les filles ont un but unique : trouvé celui qui leur correspond : l’amour idéal, le futur mari. Dans la scène de fin des parapluies : Geneviève quitte la station service dans sa Mercedes noir avec sa fille Françoise, laissant Guy, son ex-fiancé et le père de sa fille ; la caméra s’élève, il neige. Madeleine arrive avec le petit François. Une famille impossible s’efface pour laisser place à une famille possible, avec comme lien un enfant né d’un amour contrarié. Mais qui sait, Guy quittera peu être Madeleine pour une autre ou inversement. Tous les films de Jacques Demy indiquent cette précarité de l’amour : on s’aime à la vie à la mort et le temps fait que tout est possible : une rencontre ou la mort par exemple. Au fond, le temps est le personnage principal de JD

Le rêve de JD était de faire 50 films relié les uns aux autres où le récit et les personnages s’entremêlent et s’emboitent comme un puzzle. Cette idée de puzzle est reprise à plus petite échelle dans les demoiselles ? Tous les personnages fonctionnent pas paires qu’il faut rassembler. "Il y a toujours eu des filles dans ma famille" l’univers du cinéaste gravite autours des personnages féminins : Dans son premier long métrage, Lola, le personnage type apparaît qui sera ensuite reprit de film en film : déjà dans ce premier long métrage, le personnage féminin de Lola se reflète dans d'autre personnage féminin : Cécile qui est le passé de Lola et la mère de Cécile qui est ce que pourrait être son futur. A la fin du film tout converge vers Cherbourg, Cassard et Frankie prennent le bateaun pour s'y rendre. Cécile fuit vers son oncle qui y habite et Mme Denoyer, sa mère l'y  poursuit. Tous les personnages sauf Lola se rendent donc à Cherbourg. Cherbourg, le lieu principal des Parapluies dans lequel on retrouve Rolland Cassard qui était le personnage principal de Lola et le personnage secondaire des parapluies qui connecte le temps entre les deux films. Cette continuité est une idée chère à JD qui affectionne l'idée qu'il n'y a ni début ni fin dans la vie des personnages et qu'elle se poursuive au delà de l'écran où le spectateur n'a plus accès mais qui peut resurgir dans d'autre film (le passé de Cassard dans Lola est évoqué dans les parapluies).

Rêveur agité dans Lola et les demoiselles ou vaguant Rolland et le prince dans peau d’âne. Tous sont voués à se cogner au réel. Dans les parapluies, les personnages défient le poids du réel en chantant. Dans ces film, Jacques Demy développe une utopie de la vie et plus précisément de la vie amoureuse qui va s’écrouler petit à petit. Les personnages qui vivent dans se monde de rêve vont se cogné au réel et « redescendre » brutalement dans la vraie vie.


13 avril 2009

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3) La bande sonore

Selon Jacques Demy, il met dans la bouche de ses personnages des vers composés selon une métrique plus proche de la langue parlée que celle utilisée dans la poésie ou celle des strophes lyrique réservées au chœur. C’est cela qui caractérise la langue du cinéma de Jacques Demy.

Le dialogue en soi est fort à partir du moment où il est dit d’une manière unique. Chez Demy, le dialogue n’existe que s’il est mis en musique. Il écrit ses scénario comme des partitions musicale et demande à ses comédiens de les interpréter avec autan de rigueur qu’il les a écrites. Il conçoit le texte parlé comme des notes et dirige ses acteurs comme un chef d’orchestre.


Les parapluies, une chambre en ville sont des films chantés où le chant est calqué sur les paroles. Les intonations sont naturelles, Jacques Demy refuse de faire des acrobaties vocales comme dans les Opéras (« j’aime pas l’opéra, le ciné s’est mieux » est répété à deux reprise par un des personnages) mais il veut que chaque mot soit compris : dialogues très simples, extrême simplicité grammaticale, phrases très brèves rappelant les riffs du Jazz qui accompagne, une épuration des discours que l’on retrouve également dans le 1er long métrage de Demy : Lola mais cette fois si le temps fait courir les personnages et donc précipite la parole, les personnages parlent vite mais il y a toujours cette manière de parlé propre à Jacques Demy, presque chanté qui parfois peut sembler pas naturelle.

 

13 avril 2009

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2) Mise en scène

Jacques Demy est fasciné par les miracles et les déconvenues ordinaires du hasard que le cinéma ne peut jamais rendre compte. Dans ses films, Jacques Demy règne sur le hasard, il veut montrer ce phénomène, il doit donc, contrairement à sa définition: le créer. Il organise donc des chorégraphies de rencontre ou de rendez-vous manqués. Comme lorsque Lola rencontre "par hasard" Rolland dans la rue, ou encore toutes les rencontres des deux sœurs et leur idéaux dans Rochefort. Pour le spectateur, c'est fluide, c'est naturel et c'est ça la spécificité du cinéma de Demy, il arrive à créer ce sentiment de réalité chez le spectateur. Alors que c'est tout le contraire, les films de Demy sont construits et réalisé très strictement.

Dans Lola, Jacques Demy fait rimé les personnages, il créer des paires, des ressemblances entre les personnages qui se rencontre ou pas. Lola fonctionne par emboîtement comme des poupées russes de contraste ou d'états des trois personnages féminins. Les personnages de Lola riment ensemble mais leurs rencontres génèrent que des frustrations jusqu'à la fin. Dans les Demoiselles de Rochefort, le projet aboutit de Lola, Demy pousse encore plus loin la frustration.  La rime est si forte: les symétries, les ressemblances, les alexandrins qu'elle appelle à une structure très découpée. Le jeu de construction et la mise en scène sont au service de la narration pour montrer tous les croisements raté jusqu'à la rencontre finale: quand Delphine et Maxence, les amoureux prédestiné s'entrecroisent vainement au Café dans un jeu de scène "entré coté jardin, sortie coté cour. Le public frémit, c'est à peine si on veut crié "mais il est là!". Pendant un petit temps, le spectateur croit que l'on peut influer sur le cours de l'histoire par la seule force de son désir.


13 avril 2009

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II) L'esthétique

1) Couleurs

JD admire le musical hollywoodien et s'en inspire. Or, il en prend le contre-pied dans ses films en allant tourner dans la rue, influencés par la Nouvelle Vague. Il tournera quelque fois en studio mais, il reste attaché à plier la réalité à ses désirs. Il repeindra d’ailleurs la ville de Rochefort pour le tournage des Demoiselles. JD veut raconter par la couleur et le chant, des histoires apparemment simples, de forme inédite. Il transforme la ville pour créer une ambiance de rêve et de magie. Les couleurs dans les  films de JD sont d'une grâce et d'une délicatesse absolues, que, sous une surface qui pourrait sembler kitsch et rose, révèle une noire mélancolie et aborde des thèmes à la fois profonds, éternels et modernes (les aléas sentimentaux, la famille disfonctionnelle, les idéaux de jeunesse, la guerre, la condition féminine, et même les rapports de classe...).

Tous comme les thèmes musicaux, les couleurs représentent elles aussi l’univers d’un personnage. Dans les parapluies, c’est l’appartement aux tons ternes et vieilli où vit Elise réchauffé par le bois du lit et de l’horloge qui disent aussi l’attachement d’Elise aux valeurs simples. C’est le double univers de Mme Emery avec le magasin où le violet domine et l'appartement. La recherche est aussi élaborée pour les costumes qui fonctionnent en étroite relation avec les décors : le tailleur rouge de Mme Emery trouve sa place lorsqu’elle pénètre dans sa chambre pour chercher ses bijoux, son peignoir rayé blanc et rose quand elle se trouve dans le salon à la tapisserie à rayures roses et vertes. De la même façon, c’est en robe bleue à motif floraux roses que Geneviève lit la lettre de Guy dans sa chambre aux motifs floraux rose sur fond bleu.

JD harmonise subtilement les couleurs de façon à ce qu’elles deviennent des indices révélateurs des personnages qui les épousent : la chambre de Geneviève montre qu’elle vit dans un univers un peu trop sage et romanesque, le tailleur rouge de la mère montre la violence des deux scènes où elle le porte. Le bleu est la couleur associée à Guy, Geneviève l’adopte tout le début du film jusqu’au diné avec Cassard puis, elle associe le bleu qui la rattache à Guy et le rose de l’adolescence (qu’elle n'abandonnera qu’à la toute fin) dans sa robe de grossesse. Le film se dissout dans la blancheur dans la scène où G lit la lettre de Guy devant la fenêtre, cette scène nous rappel les films passé ou à venir de Demy : le grand amour de Lola entrant dans Nantes tout de blanc vêtu, au volant d’une Cadillac blanche, des personnages blancs dans la baie des anges et dans modèle shop, du magasin de musique blanc où dansent les amoureux des demoiselles de Rochefort, du rêve blanc des amants de Peau d’âne et les enfants vêtus de blanc à la fin du joueur de flûte… « comme un foulard de blanche laine, l’amour s’enroule et puis se noue » chante la princesse au début de Peau d’âne. Le blanc pour Demy, c’est la couleur de l’amour incandescent, la couleur de l’idéal, du rêve

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12 avril 2009

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 3) L'espace


Le monde de Jacques Demy n’est pas un monde clos, mais plutôt une chambre de courants d’air où se brassent beaucoup d’éléments personnels. C’est également des lieux de passage, port, place, café, magasin. Comme on l’a remarqué, le cinéma de Jacques Demy est un cinéma intimiste, il nous enmène dans le lieu le plus intrusif possible, l'appartement ou la maison de ses personnages: c'est l'appartement de Lola où nous la voyons avec Frankie puis avec Rolland, c'est l'appartement dans les demoiselles de Rochefort où les deux soeur se baladent en chemise de nuit, se prépare, discute de leurs amours. C'est egalement la cabane de Peau d'Âne où le prince découvre sa véritable identité et en tombe amoureux. Le magasion et l'appartement des Parapluies où se déroule la pluspart des scènes du film.

Élaboré, maîtrisé, mesurer au millimètre : l’organisation de l’espace est structuré. Les films de Jacques Demy sont des ballets mécaniques où la caméra domine. Chaque rencontre, chaque croisement est élaboré comme une chorégraphie. Jacques Demy découpe l’espace en plan où les personnages se déplacent selon des axes ou des courbes. «Tous les personnages se cherchent comme dans un film de poursuite. Les rencontres ne st pas fortuites mais policièrement orchestrées, savamment élaborées, enchevêtrées comme un puzzle » 

Ces courbes ne sont pas réservées que aux déplacements des personnages, elles sont parfois l’essence même du plan comme dans le générique des parapluies ou dans l’introduction des demoiselles où la pluie et les câbles du pont transporteur tisse le récit. JD tire les ficelles d’une histoire préfabriquée. 


 

12 avril 2009

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 2) Le temps

C’est l’écoulement irrémédiable du temps qui donne aux films de JD leur sérénité ainsi q'une tonalité à la fois nostalgique et angoissée comme dans le sabotier du val de Loire film qui parle du temps, de la vieillesse, des souvenirs. Le présent pur n’existe pas dans le cinéma de Jacques Demy où se condense toujours des temporalités différentes. 

On peut relever deux éléments qui ressortes dans les films de JD:

- la résistance au temps (lola qui attend son Michel pendant 7ans et qui garde l'espoir qu'il reviendra, trois places pour le 26, le sabotier du val de loire)

- L’echec, les retouvailles apres le travail du temps (les parapluies, chambre en ville)

Même si les films de Jacques Demy sont plongés dans l’univers du rêve, ils sont également très ancrés dans la réalité. Pour ce faire, les scénarios de Jacques Demy sont construit très précisément sur la trame du temps. Dès ces premiers films, Jacques Demy attache une grande importance au temps qui passe. Dans le sabotier du val de Loire, le premier bruitage au début du film est l’horloge qui sonne (vidéo) et les première parole évoque le temps (heure et saison) Déjà dans son 1er court métrage, JD traite du temps qui passe et de l’absence. Plus tard, dans les long métrages JD organise son scénario par séquences ou par parties distinctes comme dans les Parapluies ou Peau d’Ane, qui sont organisés en trois actes comme au théâtre mais aussi par le défilement des saisons.

Le temps dans les parapluies de Cherbourg est strictement mesurer. Comment pourrait-il en être autrement dans un film qui traite de l’attente, de l’érosion des sentiments dans la durée. C’est la présence d'un temps qui presse les personnages à avancer quand ils préféreraient immobilisé le moment. Tout d’abord par la division en trois parties ("le départ": on ne connait pas encore les héros mais on sait déjà comment leur histoire va finir, « l’attente » et enfin « le retour ») Les titres nous disent que l'on a à faire à une tragédie, un destin déjà tracé pour les personnages. De plus, cet présence annonçant les dates contribuent à l'installation du film dans sa durée et de mettre en évidence les brusques accélérations et les dilatation.

parapluies

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(cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Le film des parapluies est l’essence même de l’écoulement du temps. Tous les signes sont bon pour le faire ressentir aux spectateurs (vidéo) : l’horloge lointaine « une heure ! si maman ne dort pas… », « Quelle heure est-il ?... », Ou encore l’horloge dans l’appartement de Élise. Tous ses instants viennent couper les scènes de couple, intemporelle et oniriques entre Guy et Geneviève. Autre marque du passage du temps l’alternance jours, nuits et l’abondance des brèves scènes qui illustrent le changement de saison.

Chez demy, la notion de décalage est fondamentale : le présent n’est jamais qu’un passé ou un avenir décalé. Mi-passé mi-future, le présent ossile entre les deux. Il en va de même pour les lieux…

12 avril 2009

&a

I) La structure

 1) La musique


Pour son premier long métrage (Lola) Jacques Demy avait collaboré avec le compositeur américain Quincy Jones. Mais celui-ci lui ayant fait faux bond au dernier moment, Jacques Demy, en solution de secours engage un tout jeune compositeur : Michel Legrand. C’est alors que commence une grande collaboration de 28 ans.

 

Pour Lola, le jeune cinéaste rêvait déjà d’un grand film fait de musique et de danse. Faute de moyens, il se contentera d'une simple chanson mais déjà mise en scène comme dans une comédie musicale (vidéo). Lola a tout d'abord était tourné sans son, ce n'est qu'à la fin du tournage que Jacques Demy rencontra Michel Legrand. D'après lui, c’était un « film muet déjà musical ». Tout est musique dans Lola : de l'agencement des plans jusqu'au jeu maniéré et inoubliable de l'incandescente Anouk Aimée.

 

Dans ces films, Jacques Demy utilise la musique comme fondation de la structure. D’ailleurs, son 3ème films : les parapluies de Cherbourg est un mélodrame c'est-à-dire un film qui associe la musique et le drame. Avec Les parapluies de Cherbourg, Jacques Demy invente un tout nouveau genre de film entièrement chanté. « Ce n’est ni une opérette, ni une comédie musicale. Ce sont des dialogues chantés, la musique soutenant le texte et réciproquement. La musique expose des thèmes simples, on n’y danse jamais mais on y chante tout le temps. C’est un film Jazz, un film « en-chanté » plus exactement. » (Jacques Demy)

 

Le chant transforme le réel et protège les personnages contre l’ordinaire. En effet, les personnages sont complètement immergés dans la musique comme dans un rêve, il n’y a que la musique, Jacques Demy a supprimé quasiment tous les bruitages extérieur à par quelque un qui font sens (sirène des navires, sonnette du magasin, claudication de Guy). Les parapluies sont constitués de 22 thèmes musicaux associés à des personnages ou à des situations dont les reprises témoignent de l’évolution des sentiments et de la narration. Les personnages ont chacun un thème qui leur est propre à par Guy, personnage principal des Parapluies de Cherbourg qui se contente d’adopter le thème de toutes les femmes qu’il rencontre, il refuse d’évoluer (vidéo). La lecture de la partition suffi à comprendre la structure dramaturgique du film. Cela illustre la volonté du cinéaste à ne jamais dissocier l’image et la musique. Michel Legrand n’utilise d’ailleurs aucune notes rajoutées pour faire des ponts entre les différents thèmes mais lui et Jacques Demy utilisent des bruitages extérieurs judicieusement choisis pour faire des ponts entre les différentes parties.

 

Quand la musique sert les rêves déchus des personnages (les parapluies, une chambre en ville), elle illustre également les rêves gaies des protagonistes à la recherche du bonheur et de l’amour. (Les demoiselles, Peau d’âne). Les rêves chantés de Jacques Demy se réalise dans la plupart de ses films. Apres l’innovation des parapluies, il a continué dans cette lignée où la musique s’entremêle avec la dramaturgie. Dans les demoiselles de Rochefort réalisé en 1966, Jacques Demy réalise la comédie musicale à l’Américaine dont il avait toujours rêvé. Puis avec Peau d’Ane en 1970 où la musique est celle du conte et balade le spectateur dans cet univers du rêve. Jacques Demy développe d'ailleurs les rapprochements avec des chanteurs comme Donovan, chanteur des années 60-70 et acteur dans Le joueur de flûte, les références à John Lennon, Jim Morrison dans Parking. Jacques Demy fini même par faire un film sur un chanteur: Yves Montants avec Yves Montant: 3 places pour le 26.

Dès son premier film, Jacques Demy voulait plonger le spectateur dans un univers musical. C'est grâce à Michel Legrand son collaborateur jusqu’à la fin que les films de Jacques Demy sont ce qu'ils sont. Ils vont même jusqu'à inventer un nouveau genre: le film « en-chanté ». La musique nous raconte autant que l'image le destin des personnages de Jacques Demy. Le cinéma est un art temporel, Jacques Demy exploite grandement cette particularité qu'a le 7ème art. Tout comme la mesure de la partition, le temps est également mesuré au millimètre.

 

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